Wednesday, November 26, 2008

Fisher et la "déflation par la crise", par Michel Santi (contre-info)

Fisher expliquait en effet qu’une crise majeure était toujours provoquée par deux facteurs, à savoir le surendettement et la déflation, sachant que toutes les autres causes probables de la crise passent au second plan dès lors que l’on est confronté à une récession grave et prolongée.

Se référant aux crises de 1837, de 1873 et à la Grande Dépression qu’il avait vécu en temps réel, Fisher observe que, poussé à des niveaux extrêmes, le surendettement provoque à un moment donné la faillite du débiteur, du créancier ou des deux à la fois, induisant une réaction en chaîne en 9 épisodes.

(1) Ces banqueroutes créent une situation de détresse où les intervenants bradent leurs actifs, (2) aboutissant à une diminution conjointe des dépôts bancaires et de la circulation de la monnaie fiduciaire à cause des remboursements de ces dettes qui (3) exercent une pression baissière généralisée sur les prix et un gonflement de la valeur du Dollar. Si cet affaissement des prix n’est pas contré par des mécanismes de "reflation", (4) la valorisation/capitalisation des entreprises s’en trouve ainsi affectée provoquant des faillites et (5) par ailleurs une dégringolade du profit des entreprises (6) ainsi que des réductions de la production et du niveau général de l’activité commerciale couplés à une augmentation du chômage. Résultat : (7) pessimisme et perte de confiance sévissent tout en ayant (8) comme conséquence logique le gonflement de l’épargne et, du coup, une diminution supplémentaire de la masse monétaire en circulation. L’ensemble de ces 8 occurrences précédentes induisant (9) de fortes perturbations sur le niveau des taux d’intérêts par le biais d’une baisse des taux nominaux accompagnée d’une hausse des taux réels.

Le surendettement de ces dernières années a été principalement motivé par les anticipations selon lesquelles le marché immobilier allait poursuivre sa tendance nettement haussière et, de fait, tous les intervenants ( individus, entreprises, Etat ) ont participé à ce surendettement dans le but d’améliorer leur rentabilité et leurs profits...

Cependant, à mesure que les prix du marché immobilier s’appréciaient, ces investisseurs se rendaient compte qu’ils n’étaient pas correctement rémunérés par rapport au risque contracté, d’où cette vague de liquidation ( deleveraging ) massive et cette tragédie Fishérienne en 9 actes qui semble se jouer sous nos yeux.

Cette récession est d’autant plus appelée à durer que la déflation qui l’accompagne augmente encore le fardeau de la dette car, la réduction de la masse monétaire entraînant une augmentation de la valorisation du Dollar, chaque Dollar dû est ainsi d’autant plus cher à acquérir !

Crise qui ne s’atténue finalement que par la faillite quasi "universelle", la seule issue pour casser ce cercle vicieux étant, selon les mots mêmes de Fisher, l’avènement de "banqueroutes cruelles, du chômage et de la famine" !

Fisher entrevoit néanmoins une bouée de sauvetage à même d’interrompre cette spirale infernale : la "reflation". A cet effet, il semblerait que les autorités monétaires internationales soient bel et bien en train d’appliquer cette recette puisque les injections massives de liquidités dans les marchés sont par nature hautement inflationnistes.

Mais ce n’est pas en remédiant à un seul problème - celui de la liquidité - que l’on cassera un processus qui a d’ores et déjà très largement métastasé dans l’économie réelle : De fait, en dépit de ces rallonges substantielles en liquidités à destination du système financier, l’anémie macro économique ambiante aura comme impact direct la fragilisation supplémentaire du système financier...

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